a vous de juger!!!!!!!!
L’alarme du réveil avait été étouffée par la chaleur moite du petit matin.
J’avais laissé filé l’heure. De toute façon qu’en aurais-je fait ?
J’étais seul maintenant. Adam avait définitivement raccroché.
Il faut dire qu’avec l’âge, il devenait de plus en plus difficile de se faire plaisir. Il préférait consacrer plus de temps à sa famille. Mais voilà, il me laissait en plan et je me trouvais un peu comme le dernier des Mohicans.Il y a 30 ans nous étions encore des milliers. On parlait même de surfréquentation des sites
En 2003, lors de la première grosse vague de chaleur, il avait suffi de monter dans les Alpes ou d’attendre tout simplement la fin de l’été avant de reprendre.
Par la suite on a bien envisagé de mettre des auvents au dessus des falaises faciles, mais finalement il était plus simple pour les grimpeurs d’aller en salle
Seuls les grimpeurs forts, pouvant évoluer dans la fraîcheur des toits des grottes ont continué un moment à pratiquer en outdoor. Ils se disaient les gardiens d’une certaine éthique, de la véritable essence de la grimpe. Mais petit à petit les voies se sont patinées et la chaleur est montée jusque dans les recoins des voies. Et puis les grimpeurs forts ont vieilli et la nouvelle génération n’avait pas la même culture. Le tournant s’est fait vers 2015/2020 je pense.
Avec Adam, on avait équipé carrément dans les grottes. L’un des meilleurs spots était la grotte aux champignons à la Sainte Victoire. Les longueurs étaient fantastiques et toujours à la fraîche. Mais avec les années, les voies sont là aussi devenues infaisables : l’absence d’érosion externe faisait que la patine venait très vite. On a donc abandonné la grotte après seulement 2 ans de pratique
Pourtant il y à 5 ans, on était encore une vingtaine à se retrouver pour grimper à la fraîche, entre 3 et 5h du matin sur les bords du Rhône ou à Orgon Canal. Ca permettait de faire 2 mois de grimpe avant que le fleuve ne s’assèche de nouveau
Cela faisait plus de 10 ans que le Rhône s’asséchait l’été entre Lyon et Avignon. Mais, il y a deux ans, pour la première fois le fleuve n’a pas coulé après la saison des pluie ; les eaux ne parvenaient plus à rejoindre la mer Méditerranée. Cette dernière était pourtant montée à sa rencontre ; avec la hausse du niveau des eaux, on accueillait désormais les navires de croisière dans le port d’Avignon. Mais les pluies sur les Alpes étaient insuffisantes et les retenues d’eau limitaient le débit
C’en était donc fini définitivement des sessions post mousson avec la fraîcheur du Rhône. Je crois que c’est ce qui a tué notre petit groupe
De toute façon cela devenait dangereux. On avait beau rééquiper en scellements thermiques, la chaleur était telle que la roche se fracturait autour des points. Les spits du Bronx ou de Macumba étaient tombés tout seuls durant la journée.
Il me reste bien la salle, mais j’ai jamais pu m’y faire ! Il y fait 14°C en été et 28°C en hiver ; c’est ridicule ! mais c’est la seule façon de grimper encore. Les jeunes n’ont connu que ça. Ils ne conçoivent pas que l’on puisse bouffer la moitié des 217 km de voiture mensuels autorisés par personne pour aller faire un aller-retour à Buoux. Faut dire que c’était pas vraiment facile à négocier avec ma femme et qu’il fallait donc alterner avec les week-ends à Central Park… En y pensant un peu plus, il fallait vraiment être passionné et je comprends que beaucoup aient délaissé la falaise.
Vous allez me dire qu’il y a le psikoblok. Mais franchement, quitte à se tuer en tombant, autant que ce soit en s’écrasant sur le plancher des vaches plutôt qu’à petit feu après avoir bu l’eau de la mer !
Il est 8h30 et le thermomètre extérieur marque déjà 47°C. Je vais prendre rapidement une douche sèche et faire un tour sur les moteurs de recherche. Peut être trouverai je encore un dinosaure de la grimpe qui acceptera de faire un tour demain vers 3h du matin. La falaise des rochers rouges, en Face Nord du Mont-Blanc, devraient encore être grimpables…
L’alarme du réveil avait été étouffée par la chaleur moite du petit matin.
J’avais laissé filé l’heure. De toute façon qu’en aurais-je fait ?
J’étais seul maintenant. Adam avait définitivement raccroché.
Il faut dire qu’avec l’âge, il devenait de plus en plus difficile de se faire plaisir. Il préférait consacrer plus de temps à sa famille. Mais voilà, il me laissait en plan et je me trouvais un peu comme le dernier des Mohicans.Il y a 30 ans nous étions encore des milliers. On parlait même de surfréquentation des sites
En 2003, lors de la première grosse vague de chaleur, il avait suffi de monter dans les Alpes ou d’attendre tout simplement la fin de l’été avant de reprendre.
Par la suite on a bien envisagé de mettre des auvents au dessus des falaises faciles, mais finalement il était plus simple pour les grimpeurs d’aller en salle
Seuls les grimpeurs forts, pouvant évoluer dans la fraîcheur des toits des grottes ont continué un moment à pratiquer en outdoor. Ils se disaient les gardiens d’une certaine éthique, de la véritable essence de la grimpe. Mais petit à petit les voies se sont patinées et la chaleur est montée jusque dans les recoins des voies. Et puis les grimpeurs forts ont vieilli et la nouvelle génération n’avait pas la même culture. Le tournant s’est fait vers 2015/2020 je pense.
Avec Adam, on avait équipé carrément dans les grottes. L’un des meilleurs spots était la grotte aux champignons à la Sainte Victoire. Les longueurs étaient fantastiques et toujours à la fraîche. Mais avec les années, les voies sont là aussi devenues infaisables : l’absence d’érosion externe faisait que la patine venait très vite. On a donc abandonné la grotte après seulement 2 ans de pratique
Pourtant il y à 5 ans, on était encore une vingtaine à se retrouver pour grimper à la fraîche, entre 3 et 5h du matin sur les bords du Rhône ou à Orgon Canal. Ca permettait de faire 2 mois de grimpe avant que le fleuve ne s’assèche de nouveau
Cela faisait plus de 10 ans que le Rhône s’asséchait l’été entre Lyon et Avignon. Mais, il y a deux ans, pour la première fois le fleuve n’a pas coulé après la saison des pluie ; les eaux ne parvenaient plus à rejoindre la mer Méditerranée. Cette dernière était pourtant montée à sa rencontre ; avec la hausse du niveau des eaux, on accueillait désormais les navires de croisière dans le port d’Avignon. Mais les pluies sur les Alpes étaient insuffisantes et les retenues d’eau limitaient le débit
C’en était donc fini définitivement des sessions post mousson avec la fraîcheur du Rhône. Je crois que c’est ce qui a tué notre petit groupe
De toute façon cela devenait dangereux. On avait beau rééquiper en scellements thermiques, la chaleur était telle que la roche se fracturait autour des points. Les spits du Bronx ou de Macumba étaient tombés tout seuls durant la journée.
Il me reste bien la salle, mais j’ai jamais pu m’y faire ! Il y fait 14°C en été et 28°C en hiver ; c’est ridicule ! mais c’est la seule façon de grimper encore. Les jeunes n’ont connu que ça. Ils ne conçoivent pas que l’on puisse bouffer la moitié des 217 km de voiture mensuels autorisés par personne pour aller faire un aller-retour à Buoux. Faut dire que c’était pas vraiment facile à négocier avec ma femme et qu’il fallait donc alterner avec les week-ends à Central Park… En y pensant un peu plus, il fallait vraiment être passionné et je comprends que beaucoup aient délaissé la falaise.
Vous allez me dire qu’il y a le psikoblok. Mais franchement, quitte à se tuer en tombant, autant que ce soit en s’écrasant sur le plancher des vaches plutôt qu’à petit feu après avoir bu l’eau de la mer !
Il est 8h30 et le thermomètre extérieur marque déjà 47°C. Je vais prendre rapidement une douche sèche et faire un tour sur les moteurs de recherche. Peut être trouverai je encore un dinosaure de la grimpe qui acceptera de faire un tour demain vers 3h du matin. La falaise des rochers rouges, en Face Nord du Mont-Blanc, devraient encore être grimpables…